vendredi 10 juillet 2015

100 graines d'idées #20

Sujet du jour, chez Alice :


Chaque matin, je sors de chez moi à 8h03 pour être dans la rue à 8h06, attraper le bus de 8h13 et arriver au bureau à 8h27. Mais aujourd'hui, ma porte ne s'ouvre pas. J'actionne la poignée, je pousse, je tire, rien n'y fait, elle reste bloquée ! Je jette un œil par le judas, et j'aperçois une chose grise. Un gris tirant sur le mauve. Sans doute le costume démodé de quelque voisin désobligeant.
"Ohé, Monsieur, veuillez vous éloigner de ma porte, afin que je puisse sortir, s'il vous plaît !"
Pas de réponse. Mais l'homme en costume a bougé. Je vois maintenant son œil. Un gros œil brun avec de longs cils. C'est peut-être une dame. J'espère que je ne l'ai pas vexée, elle risque de m'empêcher de partir pour se venger.
Je tente un : "Oh pardon, je ne vous avais pas reconnue, chère amie ! Très en beauté, aujourd'hui !"
Je ne sais pas d'où je sors cette réplique. Je devrais aller au cinéma, pour renouveler mon répertoire. Cependant, mon petit compliment semble avoir fait mouche. Un grand sourire apparaît maintenant. Mais il m'est toujours impossible d'ouvrir la porte.
"J'aimerais beaucoup prendre de vos nouvelles… face à face… Pourriez-vous faire un pas sur le côté, pour que je ne vous blesse pas en ouvrant… ?"
J'entends quelques pas lourds. Je m'apprête à sortir, mais cette satanée porte est coincée ! Cette femme encombrerait-elle la totalité du palier ? Je ne tiens vraiment pas à me la mettre à dos, heureusement je me sens psychologue ce matin :
"Oh, j'ai oublié de prendre quelque chose dans ma chambre. Pourriez-vous m'attendre au café en bas de la rue, ainsi nous continuerons notre conversation en étant plus à notre aise… ?"
La dame s'éloigne dans un bruit assourdissant, quelques marches de l'escalier ont dû céder, si j'en crois le vacarme. Mais le judas est enfin libre, et moi aussi !
Je dévale le colimaçon abimé, et je m'apprête à prendre le bus de 8h24, tout en cherchant une excuse valable à donner à mon supérieur. Lorsque je trouve un siège où m'asseoir, je ne peux m'empêcher de jeter un regard vers le café de ma rue. Là, en terrasse, un éléphant sirote tranquillement un jus d'abricot.

4 commentaires: